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Charente-Maritime
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CM1/CM2 - Revenue de l'enfer

par: La classe de CM1-CM2

 


Nous avons étudié la seconde guerre mondiale et tous ensemble nous avons écrit une histoire : la voici avec ses illustrations.
 

Revenue de l'enfer

En 1939

Je m’appelle Anna. En 1939, j’avais 10 ans. Mon frère s’appelait Vincent et à l’époque avait 6 ans. Mon père est mort en 1938 et nous vivions seuls avec notre mère.

Elle était coiffeuse et s’appelait Myriam. Nous étions une famille juive et nous habitions à Sonnac, un petit village, près de Matha en Charente Maritime. Notre belle maison était située près de l’église, elle avait un grand jardin tout fleuri lors des beaux jours, avec plein de cachette pour jouer avec mon frère.

 J’avais un âne et une chèvre dans un pré à côté du jardin. Je montais régulièrement dessus, j’en prenais soin et j’allais les nourrir.

A cette époque, j’avais les cheveux châtains clairs très longs toujours coiffée d’une queue de cheval. Je possédais de magnifiques yeux verts et mon visage avait  des taches de rousseur. Je mesurais 1m 34 ce qui faisait que j’étais plus petite que mes camarades.

J’étais amoureuse d’un garçon qui s’appelait Harry et qui était Anglais. Il était très gentil, blond aux yeux bleus et il me faisait beaucoup rire. C’était un garçon très affectueux.

J’étais très curieuse, aussi très sympathique, rêveuse (je rêvais de revoir mon père), un peu timide avec les gens que je ne connaissais pas.

Je passais mon temps à faire du dessin. Très souvent, depuis sa mort, je faisais des croquis de mon père. Je faisais aussi de l’équitation avec mon âne, j’aimais jouer au football avec les garçons et plus particulièrement avec Harry. Je faisais du théâtre et j’aimais beaucoup y allait. Souvent dans les pièces, je jouais la petite peste.

A l’école, j’étais la meilleure en mathématiques et en arts visuels, je n’aimais pas trop le français mais je travaillais beaucoup pour y arriver. J’étais dans une classe de CM1/CM2, dans une salle très grande composée de 20 élèves plus le maître qui était très gentil.

Dans la classe, nous étions seulement deux juives (une autre fille qui s’appelait Sarah, et moi).

Ma meilleure amie, était Allemande, et s’appelait Anouk. Nous jouions toujours toutes les deux et allions ensemble au théâtre.

Dans cette classe, il y avait aussi Béatrice, ma pire ennemie. C’était la petite balance de la classe qui rapportait tout au maître et même parfois au directeur.

 

Les persécutions

En 1941 de nombreuses interdictions sont mises à exécution, je ne pouvais plus aller au théâtre et cela me rendait très triste. Toutes ces règles me blessaient et me bouleversaient. Nous étions traités comme des malades très contagieux. Les autres personnes, les chrétiens, me regardaient de travers, seuls Anouk, Harry et Sarah m’acceptaient.

En plus, pour nous reconnaître, j’étais obligée de porter une petite étoile jaune avec écrit « Juif » dessus.

En mai 1941, quand on a arrêté les juifs, je me suis cachée chez Anouk, dans son grenier et elle m’apportait un petit peu à manger et à boire une fois par jour.

Comme ses parents étaient d’origine Allemande, Anouk faisait tout en cachette. Le père d’Anouk était un soldat Nazie et un jour de l’été 41, il a découvert ma cachette et de peur que sa famille soit arrêtée, il a préféré ne rien dire. Je trouve vraiment son geste très gentil.

Quant à Vincent et à ma mère, ils se sont faits arrêter puis déporter vers un camp de concentration. Arrivés au camp d’Auschwitz, ma mère et mon frère ont été séparé et Vincent a du aller prendre une douche… 500 jours après son arrivée, ma mère s’est laissée mourir de faim, tellement triste de nous avoir perdu (elle me croyait morte).

 

Ma cachette :

La pièce était sombre et je m’éclairai à la bougie. Les journées étaient longues et ennuyeuses, ma seule compagnie était  quelques rats. J’y suis restée jusqu’au 26 mai 1943. Ce jour-là, la Gestapo est venue m’arrêter car Béatrice avait appris notre secret et nous avait dénoncées.

Dans le fourgon qui nous transportait vers une prison, j’ai retrouvé une amie que je n’avais pas vue depuis deux ans : c’était Sarah. Quant à Anouk, elle réussit à s’échapper mais sa mère, elle, fut fusillée sur le champ. Quand Harry a appris que j’avais été emprisonné, il s’est engagé dans l’armée  pour que cette guerre s’arrête et que je sois libérée.

 

Le voyage vers l’enfer :

Le 21 juin 1943, on m’a demandé mon nom et mon prénom et nous avons été, avec des centaines d’autres juifs, conduits dans des wagons à bestiaux, vers une destination inconnue.

Le trajet a duré 3 jours et 3 nuits. L’odeur dans les wagons étaient immondes, irrespirables, insoutenables, les gens faisaient leurs besoins sur le sol, nous ne pouvions nous asseoir, certains mouraient avant même d’arriver au camp.

Rendus au camp, nous sommes descendus du train, et ils nous ont triés : les enfants trop jeunes et les personnes âgées d’un côté allait prendre une douche et de l’autre côté les hommes et les femmes aptes à travailler.

Je fus mise dans la deuxième catégorie avec mon amie Sarah. J’ai du me faire raser la tête et tout le corps, on m’a tatoué un matricule sur le bras : le n° 100 003, ils m’ont mise une tenue rayée que je trouvais affreuse.

 

La vie au camp :

Au camp je devais travailler avec les autres femmes, nous avions très peu à manger et nous dormions dans des chambres très sales, puantes, pas confortable.

Le travail était très dur et si nous étions pris en train de nous enfuir nous étions fusillés. Je n’ai jamais pris le risque de m’échapper car je gardais toujours l’espoir d’être un jour sauvé.

J’avais une tête immonde, j’étais très maigre, les cheveux courts. Je ne pesais même pas 20 kg. Nous n’avions pas de chaussures, nous ne nous lavions pas et si nous tombions malades, nous n’étions pas soignés.

 

La libération :

Un an plus tard, j’étais gravement malade, très affaiblie. Je ne pensais pas vivre plus longtemps. Le camp était désert, plus de gardes, plus d’Allemands. En sortant à l’extérieur, j’ai vu arriver Anouk, qui s’était engagé comme infirmière dans l’armée, Harry ainsi que toute une troupe de soldats anglais.

Je ressentis un grand bonheur de revoir mes amis et cette armée. J’étais vivante, j’avais survécu à cet enfer.

Je suis retournée à Sonnac avec Anouk et Harry. Nous avons fait le tour du village et Anouk a appris que sa mère avait été fusillée le jour où elle s’était échappée. Sarah s’en est sortit vivante, ses parents étaient morts et nous avons habité quelques temps tous les quatre. Mes cheveux ont  repoussé et j’ai enfin pu retrouver ma belle et jolie queue de cheval.

5 ans plus tard, je me suis mariée avec Harry et nous avons eu 2 beaux enfants.


CM1 - Anna 01



CM1 - Anna 02



CM1 - Anna 03



CM1 - Anna 04



CM1 - Anna 05



CM1 - Anna 06



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CM1 - Anna 10



CM1 - Anna 11



CM1 - Anna 12



CM1 - Anna 13



Vos réactions à cet article:


Le 11-06-2010 posté par
Super les enfants. Belle histoire, très émouvante....très ...authentique... Félicitations pour votre travail.


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